Une fouine à Yufuin

Table des matières

Liens vers l’album ICloud

Si vous voulez consulter mes photos / vidéos pris durant cette partie du voyage, voici le lien vers l’album.

On fait quoi, à Yufuin ?

Bien que ma principale occupation ici soit de cuisiner pour les clients du café (et me remplir la panse), j’ai quand même pu profiter de mes temps libre ici pour jouer au touriste. Alors tel que promis, un apperçu de mes coups de coeur au sein des montagnes de Kyushu.

Montée de Yufudake

Mont Yufu, entrée principale

Comment décrire Yufuin en omettant à côté de ses sommets jumeaux, montant la garde sur le village du haut de leurs 1500 mètres ? Pour la petite histoire, quand je suis arrivé à Yufuin, je venais tout juste de terminer la dernière saison de Twin Peaks. Disons qu’avec les deux sommets et l’atmosphère très brumeuse, je me sentais dans une oeuvre lynchéenne.

Pour revenir à nos moutons, le mont Yufu (ou Yufudake) offre une randonnée plaisante, avec un dénivelé intéressant de 900 mètres, des paysages forestiers, des prairies ondoyantes, ainsi qu’une vue spectaculaire sur les montagnes environnantes, Beppu et le village en contrebas.

Les prairies dorées de l'hiver

En prime, on risque fort d’y croiser des cerfs, qui abondent dans le coin. La montée offre un défi intéressant, sans être trop difficile. Quelques passage donnent du fil à retordre à la descente, mais sans plus. Des deux sommets, celui à l’ouest est le plus difficile à gavir: il faut faire un peu d’escalade et compter sur l’aide des chaînes. Plus facile, celui à l’est offre une vue imprenable sur la mer et Beppu.

Vue depuis le sommet est

Verdict ? À faire ! Voici d’ailleurs la photo d’une fouine dans son habitat naturel, qui approuve le verdict. Bien que j’aurais aimé faire cette randonnée à plusieurs personnes, j’ai aimé pouvoir monter à mon propre rythme (rapide, mais avec des longues pauses) et les Fleet Foxes m’ont bien accompagné jusqu’en haut.

Selfie

Les onsen !

Après tout, c’est la raison pour laquelle Yufuin est réputée non ? En restant au Harappa Café, j’ai eu la chance d’avoir accès à un Onsen semi-privé détenu par la famille de Ryuji-San. Comme il n’y avait pas de douche dans la maison des Woofers, je l’ai fréquenté à presque tous les jours. Quoi de mieux qu’une relaxation dans l’eau thermale après une journée en cuisine ?

Pour des raisons de vie respect de la vie privée des propriétaires, je n’ai malheureusement pas pris de photo de l’endroit.

Yonotsubo Onsen

J’ai aussi fréquenté un autre onsen, public cette fois-ci: le Yonotsubo onsen. Personne à l’accueil, et une simple boîte à l’entrée pour percevoir le maigre droit d’entrée, soit à peine 2$. À ce prix, contrairement à bien d’autres onsen, aucun produit d’hygiène n’est fourni pour la douche. À l’intérieur, deux simples sources d’eau froide courante, des bancs et des bols de plastique, ainsi qu’un achalandange local surtout composé de gentils oba-san et oji-san.

L'intérieur du Yonotsubo Onsen

Hygiène ? Douche ? Se laver ? J’oubliais l’obligatoire guide 101 des onsen japonais.

Onsen 101

  • D’abord, se diriger dans le vestiaires correspondant à son sexe assigné.
    • Malheureusment, le concept de non-binarité du genre n’est pas vraiment reconnu dans les onsen traditionels.
    • Cependant, de plus en plus de onsens mixtes commencent à voir le jour au Japon.
    • Très important: retirer ses chaussures avant d’entrer. Habituellement, un casier est fournis à cet effet
  • Ensuite, se dévêtir et ranger ses possessions dans un casier prévu à cet effet
  • Une étape cruciale: se doucher. Il est très important d’entrer dans l’eau seulement après avoir bien nettoyé son corps. L’eau du onsen servant à se purifier, il est donc crucial de conserver sa qualité.
    • Généralement, des douchettes et des robinets sont disponibles dans une aire ouverte. On s’assoit sur un des bancs prévus à cet effet, on se frotte bien le corps, et on utilise la douche pour se rincer
    • Parfois, l’eau est froide. Pour rendre le processus plus confortable, on peut utiliser un des bols et prendre de l’eau directement du bassin chaud, et se rincer avec.
    • On doit souvent faire sa toilette avec d’autres étrangers nus à côté. Ça peut effectivement être gênant, mais on s’y fait rapidement. Si c’est trop pour vous, les onsen privés existent!
  • Optionellement, on peut se verser de l’eau thermale sur plusieurs parties du corps à l’aide d’un des bols. Cette étape sert à s’acclimater à la température de l’eau
  • Finalement: relaxer dans l’eau! On dit que le moment idéal pour quiotter l’eau est lorsque la sueur apparaît sur le front.
    • À noter: on ne devrait pas laisser tremper les cheveux dans l’eau.

Important

Le guide ci-haut devrait s’appliquer à la plupart des établissements, mais n’oubliez pas que c’est la compréhension d’un nord-américain en visite pour la première fois au Japon. Plusieurs établissements ont des règles légèrement différentes, et il est important de se rensigner en cas de doute. Par exemple, plusieurs établissements ne tolèrent pas les tatous.

Bonne relaxation !

Les sanctuaires

Comme un peu partout au Japon, Yufuin regorge de petits sanctuaire shintoé Le shintoisme est largement pratiqué par la population japonaise, souvent en parallèle avec le bouddhisme. C’est un ensemble de croyance, à la fois animiste et polythéiste, qui a d’abord été désigné comme tel pour se distinguer du bouddhisme qui a été importé de Chine alentour du 6e siècle. Ses frontières sont floues, sans texte de référence au figure fondatrice, mais ses principes se manifestent un peu partout dans la culture japonaise. Voici une bonne introduction à lire sur le sujet.

Tori du sanctuaire Oogosha

J’ai visité le sanctuaire Oogosha, qui se situe au nord de la ville. Je suis tombé dessus par hasard en fouillant dans Google Maps. J’adore l’ambiance mystique qui règne dans ces lieux: je m’y sens drôlement détendu. Pour les initiés, les lieux me rapellent le mysticisme de la série Mushishi (un de mes anime favoris), dont les mushi sont des références directes à la culture shinto. On peut y voir un majestueux cèdre millénaire, qui a de quoi à relativiser l’importance de nos petites existences de mortels.

Le majestueux cèdre

Je recommande de prendre le temps de visiter les sanctuaires disséminés un peu partout sur le territoire, particulièrement les moins touristiques comme celui-ci, c’est une expérience qui vaut le détour.

Les petits musées

Yufuin comporte une quantité surprenante de petits musées d’arts, dont certains sont plutôt bien cachés. Mon favori a sans conteste été le Dordogne Museum of Art, visité sur la recommandation d’une amie qui étudie dans la région. Le musée est une ancienne résidence artistique, situé dans une maison centenaire. Les oeuvres sont affichées parmi le mobilier du quotidien, ce qui en fait une visite plutôt chaleureuse, d’autant que la maîtresse des lieux est absolument charmante et passionnée des oeuvres qu’elle présente. Je n’ai malheureusement pas de photos de l’intérieur, ne sachant pas si je pouvais en prendre.

Le musée Dordogne

Lors de mon passage, on pouvait voir une rétrospective de l’artiste Teppei Fujiyama, un peintre contemporain natif de la région d’Oita. Les formes de ses oeuvres, très précises, ont toutes été tracées à main levée, ce qui à de quoi impressionner. Les oeuvres allaient de style classique japonais, jsusqu’à de l’Art abstrait récent, en passant par les créations des artistes étrangers et locaux qui y ont résidé. À voir !

Mention honorable au musée Artegio, situé à flanc de montagne et abritant une chocolaterie des plus raffinées.

Une oeuvre de Teppei Ujiyama, prise au musée Artegio

La rue Yonotsubo

C’est le coeur commercial et touristique de la ville. Durant la journée, la rue est bondée de touristes en vacances. Techniquement ouverte à la circulation autombile, la rue est toutefois impossible à naviguer en voiture. On y trouve une myriade de restaurants, échoppes et boutiques souvenir. Les babioles et attrape-touristes abondent, mais on y trouve aussi de l’artisanat et plusieurs produits agroalimentaires fins. Le région d’Oita étant réputée pour ses produits laitiers, on peut y manger des variations de gâteau au fromage et de la crème glacée un peu partout. Diverses nourriture de rues sont vendues : croquettes frites, dango, chips de patate douces … on s’y croirait presque dans une foire.

Une boutique de poterie

Pour être franc, ce n’est pas ce que j’ai préféré visité, mais ça vaut certainement le détour.

Autres attractions que j’aurais aimé visiter

  • Le comico art musem
  • Un des nombreux ryokan traditionels de la ville
  • Le village floral (un triste oubli de ma part. Mon premier et seul regret de voyage jusqu’à maintenant)

Réflexions

C’était quoi pour moi Yufuin ? Je crois que c’était une étape de mon voyage qui aura été marquée par le repos. Repos physique, parce que j’ai fréquemment dormi plus de 10 heures par nuit, bien enmitouflé dans mes couvertures alors que la température chutait alentour de zéro dans ma chambre. Le paradis quoi (pour moi)!

Par-dessus tout, je crois que c’est mon esprit qui s’est reposé lors de mon passage au Harappa Café. Le rythme lent du quotidien, l’atmosphère enveloppante du village, les visites quotidiennes au onsen et la camaraderie du café ont conspiré pour faire du bien à mon âme. Si vous me connaissez bien, vous savez que 2024 a été une année difficile pour moi, et je crois que j’ai dissous certaines des angoisses que je traînais dans l’eau minérale des sources chaudes. J’ai senti que j’étais à ma place dans l’univers dans ce genre d’endroit. J’ai redécouvert le plaisir de cuisiner pour d’autres, expérimenter et apprendre de nouveaux horizons culinaires. J’ai fait des rencontres qui m’ont nourri. Bref, très peu de négatif et certainement un point fort de mon voyage.

Je quitte par contre avec de l’énergie à dépenser et une envie de sortir rencontrer. Je remarque que mon coeur fait le pendule entre d’un côté, les moments de calme et de contemplation, et de l’autre côté l’appel de l’aventure, et l’envie de faire la fête. Je me sens capable de suivre ce mouvement sans pression ni jugement, ce qui me rend vraiment heureux. Jamais je n’ai été à ce point à l’aise avec la phrase choisir, c’est renoncer. C’est indéniablement apaisant.

À suivre : Chroniques de Beppu !