Chroniques de Beppu

Table des matières

Liens vers l’album ICloud

Si vous voulez consulter mes photos / vidéos pris durant cette partie du voyage, voici le lien vers l’album.

C’est ou ça Beppu ?

On entend souvent dire que Beppu, c’est la capitale japonaise des onsen. Cette ville du Nord-Est de Kyushu, située à quelques kilomètres de Yufuin, porte effectivement bien son titre. Construite dans une baie entourée de montagnes, la ville est souvent étreinte par de laiteuses masses de brouillard issues des sources thermales. Sa zone urbaine épouse le flanc de la montagne; plus on gravis ce dernier, plus on retrouve de ryokans traditionels et des demeures cossues. En plus d’être une destination prisée par les villégiateurs internationaux et locaux, Beppu est aussi ville universitaire de petite taille pour les standards japonais. On y compte environ 120 000 habitants, ce qui en fait une ville de taille comparable à Sherbrooke, quoique plus dense. J’y ai rencontré plusieurs étudiant.es de l’université APU venant des quatre coins de l’Asie du Sud-Est et de l’Europe. Selon certains de ces étudiants, les limites de la ville, moins densément peuplées, sont aussi populaire auprès des retraités.

Initialement, Beppu ne faisait pas partie de mes plans de voyage, mais après en avoir entendu parler à plusieurs reprises avec affection, j’ai décidé d’y passer du temps plutôt que de m’arrêter à Kitakyushu. J’ai eu la chance de rencontrer quelques personnes connaissant la ville comme le fond de leur poche, ce qui m’a permis de visiter quelques endroits un peu moins connus des touristes.

Le quotidien à Beppu

Sunline Beppu

Je voulais prendre le temps de mentionner que mon auberge de jeunesse a été un coup de coeur. En arrivant sur place, j’ai eu l’impression de me retrouver dans un café montréalais de 3e vague; pour cause, Sunline Beppu est aussi un café ou l’on sert d’excellents lattés infusés avec des grains de micro-torréfaction et des bières de microb rasserie fancy (ce que je n’ai pas vu souvent au Japon). Le personnel est accueillant et à l’écoute, le dortoir est spacieux et bien pensé et on y retrouve un onsen accessible gratuitement pour les clients de l’hôtel. Je recommande

Le Sunline Beppu, entrée principale

Travailler en voyage

C’est en arrivant à Beppu que j’ai recommencé à travailler. D’un côté, je crois que j’étais content de retrouver une certaine routine au quotidien. De l’autre, c’est tentant de simplement sortir, profiter du soleil et découvrir et profiter du voyage de mes rêves plutôt que d’enrichir mon employeur. Heureusement, le café du Sunline est un excellent endroit pour travailler; j’ai donc enfilé mes écouteurs et c’est avec le son du nouvel album de Pierre Kwenders que je me susi remis au bouleau !

La café du Sunline Beppu

On m’a donné le mandat de mener à bout un projet techniquement excitant lors de mon passage au Japon, et je dois dire que c’est un peu pour la motivation. J’ai une grande confiance de la part de mon chef d’équipe et j’apprécie beaucoup mon autonomie de digital nomad en vacances. C’est certain, travailler du Japon, ça veut dire prendre des appels à 22h, attendre 12 heures pour les réponses de ses collègues … mais aussi relaxer dans un onsen en plein milieu de la journée, et me récompenser avec un bon ramen en soirée. Je savoure la chance que j’ai de pouvoir utiliser mon travail pour allonger mes vacances au Japon au-delà de ce que j’aurais pu me permettre dans une autre situation.

Visiter Beppu

Avec ses montagnes et paysages à couper le souffle, Beppu a été un coup de coeur dès mes premiers pas. Je n’ai que pu effleurer la surface de la ville, mais voici ce que j’ai pu y apprécier.

Arpenter les rues

Eh oui! C’est un plaisir très simple, mais j’ai adoré flaner dans les rues de Beppu. Certaines allées très étroites m’ont évoqué une ambiance un peu Cyberpunk en soirée. Les petites rues des villes japonaises abritent des douzaines de tout petits commerces et sont bâties à échelle humaine, ce qu’on ne rencontre pas souvent dans les villes canadiennes ou règnent partout les voitures.

Une ruelle de Beppu

En sortant du quartier central de Kitahama, j’ai pu voir quelques bâtiments dans un assez piteux état. Je trouve intéressant de constater que parfois, le Japon ne correspond pas à l’image artificiellement lisse, harmonieuse et hautement fantasmée qu’on présente à l’étranger, ce qui se constate jusque dans le patrimoine bâti. Comme tout pays, le Japon comporte aussi ses propres espaces marginalisés et ses zones d’ombres.

Une maison qui a vu de meilleurs jours

Déambuler ainsi, surtout durant le jour, m’a permis d’être témoins de plusieurs moments de quotiden; oba-san qui balaie sont perron, des enfants à leur pratique de baseball, des lycéennes qui se retrouvent sur la plage en soirée. Ces moments ont quelque chose d’à la fois si concret mais si intangible pour un étranger comme moi. Je me relis, et je crois que je suis un individu profondément contemplatif.

Hebinoyu Onsen

Un joyau caché de Beppu. Impossible de parler des attractions de la ville sans décrire un onsen. Il y en a des très connu, comme le légendaire établissement Takegawara, on l’on peut se faire enterrer dans le sable.

Mais évidemment, en bon hiptser qui se respecte, il me fallait trouver un endroit qui n’est que peu fréquenté par les touristes. Quoi de mieux que des sources thermales situées en forêt, accessibles par un chemin de gravier en piteux état que j’ai visité … la nuit. L’endroit est entretenu par des bénévoles locaux passionnés et, fait rare, il est mixte, même si les consignes indique aux femmes qu’il vaut mieux porter un maillot de bain. On y trouve 4 bassins, allant du plus au moins chaud. L’eau est limpide et l’endroit est très calme. Comme il faisait nuit je n’ai pas de bonnes photos mais voici des clichés empruntés sur Internet.

Les paysages en grimpant Les bassins

Y aller de nuit n’est pas recommandé pour celles et ceux qui ont facilement la frousse. Des pancartes indiquent en grosses lettres rouges que des crimes ont été commis dans les environs. En partant de la station de bus, il faut compter 30 minutes de transport en commun et 50 minutes de marche pour se rendre. Je recommande par contre l’endroit, qui est magnifique en soit, ne serait-ce que pour les paysages en montant.

Space Beppu

Beppu a son propre centre communautaire queer friendly! Ces espaces sont relativement rares au Japon, surtout dans les villes de petite taille et sur l’île de Kyushu, réputée pour être plus conservatrice. À ne pas s’y méprendre; la communauté LGBTQIA+ est bien vivante au Japon, quoique moins affichée qu’au Canada. Beaucoup de combats restent à faire, tant en matière de visibilité que sur le front législatif, malgré les dernières avancées judiciaires qui laissent se profiler une reconnaissance légale du mariage de conjoints du même sexe.

La bibliothèque LGBTQIA+

On retrouve à Space Beppu un café avec coin de lecture, une gallerie d’art, une salle d’exposition historique de la ville de Beppu, et une boutique d’artisanat local. Lors de mon passage, l’artiste Tomoe Higashi y présentait ses oeuvres flamboyantes qui ont attiré mon oeil par leur contrastes chaud/froid audacieux. Je suis reparti avec de magnifiques boucles d’oreilles en bois que j’ai très hâte de pouvoir porter! Finalement, Space Beppu offre des ateliers de calligaphie et de fabrication de lanterne en bamboo, qui m’ont été fortement conseillés. L’endroit vaut définitivement le détour.

une oeuvre de Tomoe Higashi

Le parc riverain de Kitahama

Kitahama est le quartier central ou se situait mon hôtel. À tous les jours, j’ai profité du bord de mer, très accessible et bien aménagé. Beppu comporte d’ailleurs plusieurs plages, qui sont très peu fréquentées. Le paradis quoi !

Une plage, près de mon hôtel

Des nouilles Udon maison

Sur recommandation d’une amie rencontrée à Yufuin, je suis allé manger dans un tout petit restaurant de nouilles udon. Faites maison à tous les jours et parfaitement texturées, elles valent définitivement le détour. Le restaurant est excentré et se retrouve à l’arrière d’un organisme de services pour personnes en situation de handicap … très facile à manquer si on ne connaît pas. Merci beaucoup à Afi pour la recommendation.

Le restaurant Une plage, près de mon hôel

Qui dit ville universitaire, dit … on fait la fête!

Quand je suis arrivé à Beppu, j’avais soif de rencontres et de party! Après l’introspection et le calme de Yufuin, j’étais mûr pour un soirée de danse bien pompette … et j’ai été servi! C’était aussi pour moi l’occasion d’en apprendre plus sur la culture japonaise de le fête. Après tout, les salarymen japonais sont réputés pour savoir fêter. Il existe un concept qui s’appele le nomihodai: certains établissements offrent une formule de boisson à volonté pour une temps limité. Le but: en profiter pour boire autant que possible sans se ruiner. Ça remplace en quelque sorte le fameux pre-drink avant d’aller au bar.

Le Takito

Suite à une autre recommendation, (merci encore à Afi-san), j’ai passé ma première soirée au resto-bar Takito avec Seung, un chic type que j’ai rencontré dans le dortoir de l’auberge de jeunesse. Nous y avons passé une soirée bien arrosée, à enfiler les tequila et autres drinks mexicains en se racontant nos vies. Nous n’avons rien épargné: situation familiale, ce qui nous amenais au Japon et même ce que nous ont appris les grands philosophes classiques.

Les clients étaient presques tous les étudiants de l’APU, et il règnait sur place une ambiance de camaraderie comme on en trouve seulement dans les villes universitaires. Quoi de plus excitant que d’idéaliser un monde meilleur avec des étrangers ? J’y ai aussi fait le plein d’histoires et d’ambitions variées, y apprenant comment un étudiant Ukrainien avait fuit la guerre avec le rêve d’acheter une maison dans la campagne japonaise. C’était l’occasion parfait pour savoir, comme on dit en bon québécois: oussé qu’sa s’passe à Beppu ? La réponse a été unanime: c’est au Beppu Social Club qu’il faut aller. J’ai donc suivi la barmaid du Takito jusqu’à son repaire de fin de soirée préféré.

Le Beppu Social Club

Pour être honnête, le local ne paie pas de mine. On aurait dit un hybride entre un local d’asso étudiante et un bar. Vieux canapés en cuir, sheesha, table de ping-pong et éclairage tamisé composent le décor. C’est là tout le charme de l’endroit qui est sans aucune prétention. La foule est composée d’habitués, qui viennent jouer aux cartes, fumer entre amis. Les murs sont tapissés de billets des 4 coins du monde, et on entend surtout parler anglais entre les rires qui fusent de toute part. J’y ai même vu une bouteille de Coureur des Bois derrière le bois, souvenir d’un certain David, meilleur ami d’un des employés.

Ma première soirée y a été plutôt tranquille, et m’a permis de renontrer des gens en jouant une classique partie de beer-pong. Qu’à cela ne tienne, on me dit que le vendredi soir, un DJ est invité et on fait de l’espace pour la danse. Victoire, je vais enfin pouvoir lâcher mon fou! J’y retourne donc accompagné de mon nouvel ami Seung, qui me dit être plutôt gêné mais apprécier l’occasion de sortir. J’apprend, assi au bar avec lui, qu’il a un lourd passé avec le milieu universitaire de Beppu. J’épargne les détails, par respect pour sa vie privée, mais disons que les vieux traumas ont pris le bord quand le DJ a fait jouer Gangnam Style. La soirée a commencé tard, mais elle est a fini tard (BSC est ouvert jusqu’à 5h), et nous avons tous les deux dansé notre saoul. C’était pour moi la première expérience d’un lâcher prise qu’on ne peut trouver qu’en voyage, alors qu’on sait qu’on ne reverra jamais la plupart des gens qui nous entourent. D’un autre côté l’ambiance m’étaitbien familière, réminescente des soirées dansantes du Boq à Sherbrooke. Quel plaisir! Hélas ce qui se passe à Beppu, reste à Beppu, alors il faudra m’écrire pour en savoir plus.

Au revoir Beppu

C’est donc avec un mal de tête légendaire, des plans de re-croiser quelqu’un à Osaka, et déjà une certaine nostalgie que j’ai quitté Beppu. La liste de attraits de coin que je n’ai pas eu le temps de visiter est très longue, et je compte y retourner sans faute lors de mon prochain voyage au Japon (oui oui, prochain).

Direction Hiroshima !